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« État de piège » – Extrait de la pièce

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Abdoul et Amos.- QUE VEUX-TU DE NOUS ?

Christine.- Je ne sais pas. Faire connaissance. Rattraper le temps perdu. Venez vers moi. Réchauffez-moi. J’ai froid. C’est si vide ici. Parlez-moi de vous.

Amos.- Je suis… quelqu’un… dans une histoire. Une histoire qui n’a pas de fin. J’ai peur. Tout le temps. J’ai toujours envie de demander, comme autrefois, pourquoi ça a fini ? Je ne veux pas avoir peur mais je ne sais pas désapprendre.

Abdoul.- Il faut tomber amoureux, Amos.

Amos.- De qui ?

Abdoul.- De ça. Il prend des gravats dans ses sa main. Tu es amoureux de ton histoire, pas de la terre que tu convoites, c’est pour cela que tu la maltraites. Il met les gravats dans la main d’Amos.

Christine.- Dis-moi comment c’est.

Amos.- Rugueux. Sec. Fluide. Il y a des cailloux.

Christine.- Donne m’en un peu aussi. Abdoul le fait.

Amos.- Des cailloux immémoriaux.

Abdoul.- Tu dois t’enraciner. Devenir une partie du paysage. Comme nous.

Christine.- Il ne peut pas !

Abdoul.- Pourquoi ?

Christine.- Parce que son pays n’a pas de frontières fixes. Il n’a pas décidé s’il ne voulait pas s’agrandir encore un peu.

Amos.- Oublions la politique, veux-tu ?

Christine.- Non, mais c’est important. Tant que tout est provisoire, on ne peut pas poser ses valises et faire des plans à long terme.

Abdoul.- C’est vrai. Vous n’êtes pas sûrs que vous serez encore là dans 100 ans. Nous oui. C’est votre incertitude même qui nous fait croire que vous n’êtes qu’un phénomène provisoire. Comme les Croisés.

Amos.- Tu te trompes. Nous ne partirons jamais. Nous n’avons nulle part où aller. Nous avons tout essayé. Nous vivrons ou nous mourrons ici.

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